Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 10:21
Pour qui veut créer un refuge pour oiseaux, il est impératif de commencer par aller se promener dans la campagne environnante. La première qualité d'un refuge est de se fondre dans le contexte local, et non de le modifier en quoi que ce soit. Je m'explique: que diriez vous d'un refuge parfaitement adapté aux colibris et aux toucans, mais situé en Alsace? je sais, j'exagère, mais combien de plantes et d'arbres exotiques sont plantés chaque année en France? Combien d'essences méditerranéennes en Bretagne? En France, les jardins représentent deux millions de km². Combien de plantes inutilisables par notre faune, et en premier lieu par les insectes, cela représente-t-il?
Bien sur, il n'est pas question de se priver d'une belle plante sous prétexte qu'elle n'est pas indigène, quite à acheter aussi la terre qui lui conviendra. Mais pour le reste promenez vous du coté de chez vous, dans les endroits sauvages s'il en reste encore, et notez tout ce qui pousse à l'état naturel, ce sera le pilier de la construction de votre refuge. N'omettez rien, arbres, arbustes, buissons, plantes et fleurs des talus ou des fossés, tous ont leur importance.
Les plantes des tableaux qui suivent ont été sélectionnées sans tenir compte de l'écosystème dans lequel elles s'intègreront. Il vous appartiendra donc de rayer sans pitié celles qui ne poussent pas chez vous, même si elles ont obtenu une super note chez moi.
Vous remarquerez sans peine que j'ai évalué les plantes de ces tableaux selon une formule d'attribution de points qui ne donne pas de notes "sur tant". Ces tableaux ne permettent donc que de comparer les plantes entre elles sur leurs divers avantages, de façon à créer un jardin d'oiseaux équilibré et harmonieux. La note finale (addition des 3 valeurs) permet quand même de se faire une idée sur le bien-fondé de telle ou telle plante dans un jardin d'oiseaux sans prouver pour autant qu'elle trouvera sa place dans votre écosystème.

-La première note (o) concerne l'intérêt que représente la plante pour les oiseaux, soit pour la nourriture, soit pour le nichage, ou mieux pour les deux. C'est elle qui a la valeur la plus haute parmi les trois notes.
-La note suivante (i) concerne l'attrait que la plante exerce sur les insectes, ceci pour trois raisons: les insectes sont un maillon essentiel de la chaîne alimentaire, ils sont des agents pollinisateurs incontournables, ils représentent une source de nourriture indispensable pour les oiseaux. Il faut savoir que dans les premiers temps de leur vie tous les oisillons sont nourris d'insectes. Sa valeur est intermédiaire.
-La dernière note (e) concerne l'esthétique de la plante. Elle est donc entièrement subjective. J'ai mieux noté les roses que les orties, mais vous restez libre de penser le contraire.. Cette note a la valeur la plus faible, mais j'ai voulu qu'elle soit représentée car le jardin est un territoire partagé et nous y avons droit  au même titre que les oiseaux et les autres animaux. La valeur de cette note est un peu plus faible que les autres.

Je voudrais maintenant revenir sur deux choses qui me paraissent fondamentales:
a/Un jardin sans insectes est un jardin mort. Les jardineries vendent maintenant des plantes toutes plus belles les unes que les autres, plantes importées ou créées de toutes pièces. Ces plantes ont de nombreux avantages si on en croit les catalogues ou parfois les pépiniéristes. Elles sont vendues en grandes quantités à des prix très attractifs, et dans toute la France. Croyez vous qu'une même plante puisse trouver sa place partout, à Colmar comme à Bayonne, à Perpignan comme à Annecy? Si c'était le cas, quels seraient les insectes associés à cette plante, qui prospéreraient dans des endroits aussi différents? Prenons un exemple: un des arbres les plus vendus, l'eucalyptus, n'a aucun insecte associé en France. Je n'essaie pas de vous dire qu'il ne faut pas planter d'eucalyptus (dont la qualité ornementale est indiscutable), je voudrais simplement vous faire comprendre que tout ce qui est vert et qui pousse n'est pas forcément une plus-value écologique.
Chaque arbre a ses insectes associés (le chêne arrive en tête avec plus de 600 espèces, si mes souvenirs sont bons) et il convient d'en tenir compte en diversifiant les essences dans la mesure du possible.
b/ Les oiseaux volent. C'est tellement évident qu'on n'y pense pas toujours. Notre territoire, celui des humains, se conçoit en 2 dimensions (sauf peut-être pour les gens qui aiment creuser), celui des oiseaux est en 3 dimensions. Les espèces différentes n'occupent pas les mêmes strates de végétation. Du martinet qui vole même en dormant à l'alouette qui ne quitte le sol que pour chanter, divers oiseaux peuvent se partager le même territoire (au sens des humains) sans se géner, sans aucune concurrence entre eux. C'est ainsi que deux mésanges de la même espèce entreront en conflit pour l'usufruit d'un territoire, alors que deux mésanges d'espèces différentes nicheront sans problème dans des nichoirs très proches l'un de l'autre.  Il convient donc de créér dans un refuge toutes les strates de végétation, grands arbres, petits arbres, arbustes, buissons, plantes ligneuses et fleurs (et bien sur un bassin) pour accueillir le plus d'oiseaux possible. La plus grande biodiversité témoignera de la réussite de votre refuge.

J'espère pouvoir vous aider un peu avec le travail suivant. Mais si vous décidiez de vous lancer dans l'aventure de la création d'un refuge pour oiseaux, je vous promets des joies immenses et une réussite assurée car les oiseaux ont besoin de vous et ils attendent déjà votre protection.




          
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Les oiseaux en liberté
  • : Photos d'oiseaux, de végétaux et d'insectes. Protection des oiseaux et création de refuges. Reflexions sur la nature, l'environnement et le futur de la planète.
  • Contact